La crise du football camerounais : quand les débats passionnés occultent la désillusion sportive
La situation du football camerounais traverse une période critique, marquée par une paralysie du championnat national qui dure depuis huit mois. Une analyse approfondie du journaliste Alain Denis Ikoul met en lumière un paradoxe troublant : alors que les débats autour du football n’ont jamais été aussi passionnés, le sport lui-même perd de sa substance.
Un débat enflammé, un sport en déclin
« L’une des grandes réalisations de l’actuel exécutif, c’est d’avoir rendu populaire et surtout perverti LE DÉBAT autour du football », observe Alain Denis Ikoul. Cette situation se manifeste par une polarisation extrême des discussions, où toute opinion sur le football entraîne immédiatement des réactions virulentes de « centaines de milliers de fanatiques ».
Le constat est d’autant plus alarmant que cette effervescence dans les débats contraste avec des stades désertés lors des matchs de championnat, quand ils ont lieu. « On a popularisé les débats pervers autour du football, et rendu le football en lui-même impopulaire », résume le journaliste.
Une crise systémique qui touche tous les secteurs
La Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) fait l’objet de critiques sévères. Son activité semble se limiter à la gestion des sélections nationales, laissant en suspens des questions cruciales comme le championnat national. « On est incapable de dire la vérité aux Camerounais qu’on est en train de se battre pour renouveler les contrats qui battent de l’aile avec des sponsors tous remontés contre une gestion chaotique », dénonce Ikoul.
Le malaise s’étend bien au-delà du football professionnel. Tous les secteurs sont touchés : le football jeune, le football amateur, le football féminin, le beach soccer, le futsal. Ces disciplines sont décrites comme étant « à la traîne », révélant une crise systémique du football camerounais.
La critique muselée, le football transformé en secte
Le journaliste pointe également du doigt une dérive préoccupante : la transformation du football en une sorte de « secte » où la critique n’est plus permise. « Des officines bien entretenues ont pour rôle de diluer le narratif utile et objectif », note-t-il, évoquant l’émergence d' »experts » autoproclamés qui « pondent des vidéos en longueur de journée pour justifier l’injustifiable ».
Cette situation marque une rupture profonde avec le rôle traditionnel du football au Cameroun, jadis facteur d’unité nationale. « Le football n’est plus la chose qui unit les Camerounais », conclut amèrement Alain Denis Ikoul, appelant les dirigeants actuels à « admettre qu’ils ont échoué, pour mieux avancer ».
Mot de la rédaction:
La crise du football camerounais, telle que décrite par Alain Denis Ikoul, soulève des questions essentielles sur l’avenir du sport dans le pays. Entre débats enflammés et désillusion sportive, il est urgent pour les instances dirigeantes de prendre des mesures concrètes pour redonner au football camerounais sa grandeur passée. L’heure est à l’admission des échecs et à la recherche de solutions durables pour restaurer la confiance des supporters et des acteurs du football.
L’équipe de rédaction de Cameroon Magazine.
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