Le lieutenant-colonel Justin Danwé plaide non coupable dans l’affaire Martinez Zogo: un retournement de situation inattendu
Il était la toute première personne arrêtée quelques jours après l’assassinat de Martinez Zogo. Et, c’est lui qui a dénoncé les autres, selon un rapport d’enquête qu’avait dévoilé Reporter sans frontière (RSF).
Mais à la surprise générale, le lieutenant-colonel Justin Danwé a lors du procès d’hier lundi 09 septembre déclaré non coupable, lorsque les accusations qui pesaient contre lui ont été dévoilées par le Tribunal criminel spécial (TCS).
Le colonel Danwé n’est pas le seul à avoir plaidé non coupable. Tous les autres, y compris Amougou Belinga (16 au total), ont aussi plaidé non coupable.
Et pourtant, toutes les informations de sources policières, données par RSF indiquent que Danwé est dans le coup de l’enlèvement du journaliste Martinez Zogo, à la demande de Jean Pierre Amougou Belinga.
Les liens troubles entre Danwé et Amougou Belinga
« Le travail des enquêteurs, et notamment les auditions de confrontation consultées par RSF, permet aussi d’établir la nature des liens entre Justin Danwe et Jean-Pierre Amougou Belinga, dit “AB”, qui éclairent les responsabilités. Les deux hommes se connaissent depuis plusieurs années. Le premier a l’habitude de donner des informations sensibles au second qui déclare dans ses auditions en faire usage pour en tirer des avantages auprès d’un chef d’État étranger. Justin Danwe assure de son côté qu’AB lui a demandé de “faire taire” le journaliste lors d’un rendez-vous, le 29 décembre 2022, au domicile d’un magnat des médias sur lequel Martinez Zogo avait commencé à faire des révélations concernant des soupçons de détournements de fonds publics. À cette occasion, il dit avoir reçu deux millions de francs CFA, soit environ 3 000 euros », avait écrit RSF.
Des échanges compromettants
« Les deux hommes se sont ensuite revus le 16 janvier, veille de l’enlèvement du journaliste, dans le bureau d’AB à l’immeuble Ekang, pour “faire le point sur les préparatifs de l’opération”, selon les déclarations de Justin Danwe. Le 18 janvier, ce dernier se rend de nouveau au bureau de l’homme d’affaires pour lui faire un compte rendu et précise avoir transmis à cette occasion trois courtes vidéos des sévices infligés à Martinez Zogo. Dans l’une d’elle, ce dernier déclarait qu’il ne ferait plus de journalisme. Jean-Pierre Amougou Belinga conteste le contenu de ces échanges. Les rendez-vous, eux, ont bien été confirmés par des images de vidéosurveillance projetées au cours des auditions.
Le 23 janvier, au lendemain de la découverte du corps du journaliste, les deux hommes se voient de nouveau, selon Justin Danwe. Le lieutenant-colonel, tout en assurant que le journaliste avait été laissé vivant, dit s’être demandé s’il n’y avait pas eu un “coup dans le coup.” “De toute façon, il devait finir comme ça”, lui aurait alors répondu AB », pouvait-on lire dans le rapport publié par l’organisation de défense des droits des journalistes.
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