L’ancien chef de l’unité informatique des dépenses de personnel et des retraites du Minfi a été reconnu coupable d’avoir introduit une cinquantaine de fichiers frauduleux dans la masse salariale de l’Etat qui ont permis de débourser plus de 100 millions de francs.
La fin d’année a été gâchée pour Hubert Abena. Ancien chef de l’unité informatique de la Direction des dépenses personnelles et des retraites (DDPP) du ministère des Finances (Minfi), un trio de juges du Tribunal pénal spécial (TCS) l’a reconnu coupable d’avoir facilité la commission d' »une grande fraude financière » qui a laissé saigner la trésorerie pour un montant de 145,8 millions de francs, notamment parce qu’elle avait inscrit au bilan de l’État « 55 fausses déclarations de sommes dues ».
Les relevés de sommes dues sont des fichiers frits sur la base desquels le Trésor émet de vulgaires relances (arriérés de salaires, pensions, allocations, avances, pension de survie, émoluments, frais de déplacements professionnels, etc.) pour les fonctionnaires actifs ou retraités. La fraude déplorée a été commise entre octobre et novembre 2019 pour le compte de 68 personnes (nommées).
M. Abena s’en est sorti avec 15 ans de prison, le ministère public avait exigé la « peine maximale »: la réclusion à perpétuité. Mais les juges ont précédemment attribué des « circonstances atténuantes » à l’informaticien qu’ils ont qualifié de « primo-délinquant » pour sa « bonne tenue au guichet, répondant aux questions qui lui étaient posées ». En plus de la peine d’emprisonnement, M. Abena devra verser une indemnité à l’Etat camerounais, partie civile au procès, à concurrence du montant en cause, majoré des frais de justice (frais) fixés à 7,4 millions de francs.
Emmanuel Leubou
Fait inhabituel, alors que le tribunal lisait son verdict, dans la salle d’audience, nous pouvions voir quatre dames prier main dans la main, parfois accompagnées de grands gestes vers le ciel. Dans l’autre rangée était une femme âgée. chapelet. D’autres personnes présentes montraient des signes d’impatience dans l’espoir, sans doute, de vivre le miracle en direct. Rien n’a aidé.
Pour (justifier la faute de l’informaticien, le tribunal a donné le ton en examinant le fond de l’affaire. M. Abena, chef de l’unité informatique de la Ddpp pendant plus d’une décennie, a été remplacé par Emmanuel début 2015 Leubou, son adjoint pendant une longue période, également un collègue des banques.
L’arrivée de M. Leubou aux commandes de ladite unité informatique avait permis de démasquer de nombreux circuits frauduleux utilisés pour siphonner le trésor de l’Etat. les paiements indus importants, à savoir la suppression des remboursements d’avances sur pensions et soldes, les salaires versés à certains fonctionnaires calculés au taux extérieur, privilège réservé exclusivement aux fonctionnaires travaillant à l’étranger (ambassades, consulats et missions diplomatiques).
En mai 2018, il avait été arrêté à la suite d’une enquête judiciaire sur les réseaux de fraude dénoncés par M. Leubou. Bien qu’il soit un lanceur d’alerte, nous le soupçonnerons d’être le cerveau de la fraude massive qu’il a contribué à dénoncer. Cette affaire est pendante auprès du TCS.
Avec l’incarcération de M. Leubou en 2018, M. Abena a fait son retour au ministère des Finances, après un détour par la cellule Sigipes (Système Informatisé de Gestion Intégrée des Personnels de l’Etat et des Rémunérations) du ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative. .
Pas pour rien : la direction générale du budget avait mis en place une commission ad hoc chargée d’examiner les salaires et montants dus car le remplaçant de M. Leubou n’avait pas encore assez d’expérience pour exercer pleinement ses fonctions. La commission ad hoc en question était présidée par Laurent Onguene Awana, alors directeur du Cenadi (Centre national de développement de l’informatique). Le comité avait M. Abena comme adjoint et comprenait comme membres : Robert Simo Kengne, le directeur de la Ddpp, le chef du service de gestion des conflits salariaux, le chef des retraites militaires, entre autres.
interdit la répartition des tâches au sein de la commission, indique au parquet, M. Abena était censé saisir uniquement les données résultant des calculs effectués par les autres membres de la commission, et mis à sa disposition via un fichier électronique à paramétrer. Il avait un code secret pour cela (Utilisateur). Problème : le défendeur est accusé d’avoir saisi 55 relevés de montants dus directement dans la machine sans les avoir prétraités par le reste de la commission. L’accusation a découvert que les dossiers litigieux étaient pleins de désinformation.
Circuit extérieur normal…
Justifiant sa décision, le tribunal a rappelé que lors de sa déposition, M. Abena « s’est caché derrière l’absence d’un manuel de procédure » au sein de la commission ad hoc et « a fait des efforts concertés pour déclarer son innocence ». Défense rejetée par le tribunal au motif qu’« à aucun moment il n’a été démontré que » [M. Abena] a été autorisé à recevoir des copies des sommes dues ». En outre, a ajouté le tribunal, le suspect a admis au cours de l’enquête que les dossiers litigieux provenaient d’amis.
Devant le tribunal, M. Abena « compte tenu de sa longue carrière, de ses compétences avérées, de la confiance que lui accorde le ministre des Finances, Emmanuel Leubou n’a pas pu résoudre les problèmes [;..]» Autorisez-vous à prendre les mesures appropriées. Après s’en être chargé, le tribunal insiste, « afin de recevoir les affaires en dehors du grand public, il a facilité le paiement », a soutenu, et a fait « extorquer des fonds publics » à ses acolytes sur la base de fausses déclarations de montants endettés. D’où la complicité contre sa personne.
Au cours des débats, la défense a jugé la procédure faible au prétexte que le parquet n’avait pour l’instant pris aucune mesure à l’encontre des véritables bénéficiaires des fonds litigieux. Le tribunal déclare que le ministère public a la possibilité de poursuivre, mais la complicité dans un acte est également un crime autonome.
« Comme je l’ai dit, au fond je ne suis pas coupable […] J’agissais au nom du secrétaire au Trésor », a déclaré M. Abena comme « déclaration finale » avant que les juges ne se retirent pour travailler sur ses différentes peines. L’informaticien en a profité pour revenir brièvement sur les travaux de la commission ad hoc et préciser que les dossiers litigieux « ont été traités dans un ensemble de 600 dossiers ». « Je n’ai jamais eu l’intention de ma part de faciliter un détournement », a-t-il conclu.
Donc pour ce cas il est fixé pour 15 ans. Selon une source proche du dossier, après la découverte du scandale déploré, le Minfi a décidé de surveiller non seulement la décennie de gestion de M. Abena dans l’unité informatique de la Ddpp, mais aussi la période pendant laquelle tout son séjour au sein de l’annonce. -comité hoc. Cet audit accuse l’informaticien, indique la source, d’une (autre) complicité présumée dans le détournement de près de 2 milliards de francs. Cette procédure n’est qu’au stade de l’enquête policière pour le TCS.
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