La République centrafricaine continue de subir les affres d’importantes pénuries de carburants. Une situation qui a entraîné une intervention du FMI dans le pays pour tenter de contrôler les activités du secteur des hydrocarbures.
En Centrafrique, depuis plusieurs mois, trouver du carburant relève d’un véritable parcours du combattant pour les populations. Le pays fait face à de sévères pénuries de carburants qui aggravent le quotidien de populations déjà pris dans l’étau d’une crise humanitaire, depuis que leur pays a sombré dans la violence. En avril dernier, le FMI, qui a décidé de s’intéresser au secteur des hydrocarbures en République centrafricaine, a appelé à des réformes dans ce secteur « pour relever les nombreux défis économiques et sociaux auxquels font face les autorités dans un contexte de marge budgétaire limitée ».
Le FMI tire la sonnette d’alarme
Alors qu’il vient d’achever une mission d’une semaine à Bangui – du 10 au 17 juillet –, le FMI constate que la campagne d’approvisionnement en hydrocarbures par le fleuve Oubangui peine toujours à démarrer. Ce qui ne facilite pas la disponibilité de carburants dans le pays. Et l’institution d’avertir : « Un échec de cette campagne, pour la troisième année consécutive, contribuerait à plomber l’activité économique, grèverait les revenus de l’État, et retarderait la stabilisation macroéconomique d’au moins deux semestres ».
Avec la rareté du carburant, les transports sont paralysés et l’activité économique tourne au ralenti dans le pays. À la pompe, le prix du carburant a atteint 3 000 francs CFA le litre. Ce qui, naturellement, entraîne une hausse des prix à la chaîne.
Un problème né du conflit entre Tamoil et Neptune Oil
La pénurie de carburants tire son origine de la guerre sourde entre Tamoil et la société camerounaise Neptune Oil. Une guerre qui semble avoir été créée par les autorités centrafricaines elles-mêmes. En effet, en août 2023, la société française Total Énergies, qui dominait le secteur, a dû céder ses actifs à une autre société Tamoil, filiale de Rochefort international, une banque d’affaires basée à Paris et Londres, à la suite d’un différend avec l’État centrafricain. Un mois après l’installation de Tamoil, les autorités de Bangui attribuent l’exclusivité de l’importation du carburant à Neptune Oil, déjouant les attentes de la société européenne qui comptait contrôler l’importation et la distribution de carburants en Centrafrique.
Tamoil était alors obligée d’acheter les hydrocarbures devant alimenter ses stations auprès de Neptune Oil. D’où le problème. Le FMI, réclamant une analyse de conformité du contrat signé par l’État centrafricain avec la société camerounaise a recommandé que « toutes les actions nécessaires pour assurer un traitement égal, vis-à-vis du droit, des entités opérant du secteur des produits pétroliers » soient menées. Le gouvernement centrafricain, dans une tentative de juguler la crise, avait réquisitionné, début juin, six des onze stations-service de la société Tamoil, l’accusant de ne pas approvisionner correctement le marché. Une amende de 200 millions de francs CFA a été infligée à la société, et les stations seront désormais gérées par des opérateurs locaux pour une période de 45 jours.
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