Home Du micro à l’écran – Benjamin Biolay, le nonchalant mélange des genres

Du micro à l’écran – Benjamin Biolay, le nonchalant mélange des genres

ÉPISODE 8. Auteur-chanteur-compositeur à succès, il aime le cinéma, les actrices, et a beaucoup tourné, sans faire encore des étincelles.

Villefranche-sur-Saône, le 20 janvier 1973, Benjamin Biolay naît dans la capitale du Beaujolais. Sa mère est la petite-fille de Jospeh Opinel (le créateur des fameux couteaux de poche pliables au manche en bois) et son père, le petit-fils d’un riche propriétaire d’une distillerie, mais tous deux sont issus de branches déclassées de leur famille et ont grandi très modestement. De son enfance passée dans le cocon d’une bourgeoisie de province appauvrie par les brouilles, la flambe et les échecs, Benjamin Biolay conservera un sentiment de mélancolie, mais affirmera son engagement politique (pour le Parti socialiste) et l’amour de la musique. Son père, agent de maîtrise à la Mutuelle nationale des étudiants de France, qui joue de la clarinette dans l’orchestre municipal, va l’initier à la musique classique et l’inscrire aux cours de violon, de tuba et de trombone. À 14 ans, il quitte son foyer pour devenir musicien à Lyon, puis s’installe à Paris, monte des groupes, avec Keren Ann notamment. Il est doué, signe chez EMI, mais ne perce pas vraiment. Il compose surtout pour les autres (sa petite amie Keren Ann, Henri Salvador, Raphael, Lulu et Bambou Gainsbourg, Isabelle Boulay). Son écriture est sensible, élégante. « Jardin d’hiver » (qu’il a coécrit pour Salvador avec Keren Ann) en est le parfait exemple.

Ce n’est qu’en 2001 qu’il sort son premier album, sur la vie imaginée de Rose Kennedy, la mère de JFK. Dingue de cinéma, fasciné par l’histoire des États-Unis, il confie au quotidien Le Monde écrire ses chansons comme des mini-films, avec des personnages, un début, une fin. Certifié disque d’or, il est révélation de l’année aux Victoires de la musique. Sur la pochette, il pose en manteau sombre, une cigarette aux lèvres, devant une plage en hiver. « Au soir de sa vie/Si peu sont encore en vie/Les nuits sont longues pour Rose Kennedy », chante-t-il. Plus qu’un chant, c’est un murmure mélancolique, accompagné de cordes dramatiques et de guitares romantiques. Avec son air renfrogné sous ses paupières lourdes, ses cernes profonds, ses lèvres charnues et son côté dragueur-gauche-caviar-dépressif, il est l’archétype du crooner français. Même le New York Times le remarque comme l’héritier du grand Serge Gainsbourg, une filiation qu’il récuse… Il incarne qu’il le veuille ou non une nouvelle vague de la chanson française, loin de la variété.

Déjà, la fiction est au cœur de son chant. Biolay aime le cinéma, et les actrices… Sa femme, la comédienne Chiara Mastroianni, fille de Catherine Deneuve et de Marcello Mastroianni, chante les chœurs deux ans plus tard dans Négatif, un opus folk salué par la critique, et il signe en duo avec elle Home (2004), un album délicat conçu comme la bande-son de l’un de leurs road trips. Chiara a une très jolie voix. Fou amoureux, le couple crée des chansons, et une fille. Benjamin a le cœur, un pied et une oreille dans le cinéma. Il s’imagine réalisateur, pas acteur, et signe la bande originale de Clara et Moi, un petit film avec Julie Gayet. Sa sœur Coralie Clément, chanteuse elle aussi (il a même produit son deuxième album), a signé une chanson (« Salle des pas perdus ») dans Tout peut arriver, charmante comédie romantique avec Jack Nicholson et Diane Keaton.

En 2004, avec ses faux airs de Benicio del Toro, il joue son premier rôle, son propre rôle, dans Pourquoi (pas) le Brésil, de Laetitia Masson. Un film compliqué, échec critique et commercial, qui lui a donné le goût de filmer. « Sur scène, quand on est chanteur interprète, il faut être un peu illuminé, un peu possédé. Jouer dans un film, c’est pareil », confie-t-il. C’est reposant de jouer à la poupée, d’échapper à l’angoisse de la page blanche. Une parenthèse magique de légèreté. Il retourne en studio et enregistre le sombre et personnel album À l’origine (2005), et sa suite, Trash Yéyé (2007). Avec La Superbe (2009), il connaît son premier succès commercial. Le double album aux orchestrations très cinématographiques est certifié double disque de platine et reçoit les victoires de la musique du meilleur album et du meilleur artiste masculin. Sa voix est plus sûre, plus grave, patinée par le tabac, moins chuchotée. Il déclame, rappe presque.

Enfin, il peut gratifier son visage chagrin d’un sourire : la même année, il est nommé aux Césars pour son rôle de barman dans Stella. Sa nonchalance est magnétique. D’ailleurs, il ne cesse ensuite de tourner, au moins un film par an. La Meute, Qui a envie d’être aimé ?, Pourquoi tu pleures ?, Mariage à Mendoza, Au bout du conte, Doutes, GHB, Gaby Baby Doll, L’Art de la fugue, La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil, Encore heureux, Vicky, L’Homme d’après, Irréprochable, Fleur de tonnerre, Numéro une, Divorce Club… Une filmographie honorable très française, beaucoup de comédies dramatiques, aucun chef-d’œuvre, mais quelques heureux événements. Le fantomatique Personal Shopper (dans lequel il joue Victor Hugo), signé Olivier Assayas, remporte le prix de la mise en scène en 2016 à Cannes. La Douleur est sélectionné pour l’oscar du meilleur film en langue étrangère, en 2019. Dans cette adaptation du livre éponyme de Marguerite Duras, il joue un résistant face à Mélanie Laurent, bouleversante écrivaine à la recherche de son mari arrêté par la Gestapo. Dans le vaudeville drolatique Chambre 212 de Christophe Honoré, le séducteur Biolay joue le mari trompé par sa femme. Une mise en abyme de sa vie, de son couple, avec Chiara Mastroianni désopilante qui remporte le prix d’interprétation à Cannes en 2019.

Et la musique dans tout ça ? Le cinéma débloque sa voix, lui permet de jouer avec sa tessiture et son interprétation. En 2011, il sort seize titres qui illustrent le film Pourquoi tu pleures ?. Un an plus tard, il invite Orelsan, Vanessa Paradis, Carl Barât et Oxmo Puccino sur son sixième album, Vengeance. Palermo Hollywood (2016), une élégante escapade argentine, lui vaut une victoire de la musique en 2017). Inépuisable et prolifique, il continue aussi de travailler pour d’autres : Élodie Frégé, Vanessa Paradis (une autre de ses conquêtes en 2013), Julien Clerc, Françoise Hardy, Juliette Gréco… En 2019, il sort un album avec l’acteur Melvil Poupaud baptisé Songbook, 18 reprises de grandes chansons françaises (Aznavour, Gréco, Ferrer) qu’ils portent jusqu’à la scène de l’Olympia. Cinéma, musique, musique, cinéma… Il mélange les genres.

À 47 ans, dans son neuvième album, Grand Prix, en référence à l’accident fatal de Jules Bianchi au Grand Prix de Suzuka, il se donne des airs de James Dean, version La Fureur de vivre. Fasciné par la vie des pilotes « d’un point de vue romanesque et quasi shakespearien ». Benjamin Biolay se livre à une introspection d’une honnêteté brutale, pied au plancher. Le résultat est subtil, loin des clashs, bashs et déclarations à l’arrache auxquels il se livre sur les réseaux sociaux. Un peu prétentieux et donneur de leçons, tirant sur tout le monde dans les interviews, le personnage agace. Mais on doit avouer que cet album est une réussite.

Devant l’objectif, il a une présence indéniable. Il est juste, mais ce n’est pas non plus un acteur époustouflant. On le verra bientôt (23 septembre) dans Les Apparences, un thriller de Marc Fitoussi, où il joue un chef d’orchestre, et dans Par un demi-clair matin, avec Léa Seydoux. Il va aussi passer à la réalisation avec Melvil Poupaud et réaliser un film musical. Ainsi, les frontières entre le quatrième et septième art seront totalement effacées.

Pour une rentrée en douceur, rien de tel que de s’amuser en stimulant ses méninges et se retrouver entre amis, en famille ou seul.

Repoussé maintes fois, ce nouvel opus de la célèbre franchise de super-héros sort en catimini dans les salles. Retour sur une production catastrophique.

Choisi d’emblée par le cinéaste anglo-saxon, l’acteur noir américain de 36 ans est la tête d’affiche de son nouveau film d’action, « Tenet ».

Sur un excellent artiste, très complet. , Tout n’est pas parfait mais il a de très touchantes fulgurances… Encore un bon BB

007. Plus qu’un matricule, une marque de fabrique, un passeport vers l’aventure, une machine à cash, un super-héros en smoking. Son nom est Bond, James Bond, et depuis 1962 le grand écran vibre au rythme de ses tribulations et de ses interprètes. Notre mission sur ce hors-série : aller au-delà du phénomène commercial pour sonder la nature profonde de l’espion créé par Ian Flemming. 

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SOURCE: https://www.w24news.com

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