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World News – FR – Olivier de Germay, nouvel archevêque de Lyon: les raisons du choix

Olivier de Germay, 60 ans, nouvel archevêque de Lyon
• STÉPHANE OUZOUNOFF / CIRIC

Avec Olivier de Germay, jusqu’à présent évêque d’Ajaccio, en Corse, le Pape a choisi pour Lyon, un diocèse connu pour être complexe à gouverner, un habitué en terrain difficile En effet, la capitale de la Gaule n’est pas n’importe quelle terre Lyon c’est un état d’esprit, le fameux «esprit lyonnais», mélange d’autonomie, de méfiance à l’égard des grandes structures et d’anti-jacobinisme – anti-parisianisme, disent certains – entretenu par de vieilles familles , réseaux et insinuations Un patchwork de territoires qui vont de l’hyper-urbain à l’hyper-rural, y compris les banlieues élégantes et celles considérées comme difficiles

Le catholicisme social y est aussi fermement ancré que la bourgeoisie catholique, plus classique dans ses goûts liturgiques et ses formes, sans oublier les jeunes pousses, cette génération Laudato si ‘qui bouscule les étiquettes Lyon est aussi un presbyterium connu pour être difficile, composé de têtes fortes et de sensibilités composites: la soutane rencontre le pull tricoté Enfin, celui qui y entre en tant qu’archevêque en laisse généralement un cardinal

Mais cette nomination est un bouleversement pour deux raisons Car, avouons-le, le nom d’Olivier de Germay ne ressortait pas en tête des prévisions qui se déroulaient bien depuis quelques mois Mais aussi parce qu’il vient de clôturer un séquence particulièrement traumatisante, faut-il s’en souvenir? La candidature d’Anne Soupa, une catholique féministe, à l’archidiocèse de Lyon, en mai dernier, était en partie enracinée dans la «perte de légitimité du corps épiscopal», pour reprendre ses propos; les blessures de l’affaire Preynat sont vivantes, les séquelles du procès Barbarin – qui a vu l’opposition des défenseurs et détracteurs du cardinal – très présentes, même si l’intérim assuré par Michel Dubost a pu apaiser de nombreuses tensions

Qu’est-ce qui aurait pu conduire le Pape – et la Congrégation pour les évêques – à le considérer comme l’homme idéal pour le poste? Le choix est compréhensible si l’on regarde la biographie de ce jeune évêque – 60 ans – à peine plus âgé que son prédécesseur, Philippe Barbarin, lorsqu’il est arrivé à Lyon C’est un homme d’action – même s’il est contemplatif -, un ancien Saint -Cyr et soldat – fils d’un général -, expérimenté en escalade et alpinisme, grand marcheur, qui a servi parmi les « paras », Et qui a traversé le Tchad, la République Centrafricaine et l’Irak dans sa jeunesse

Il n’est pas étranger à Rome, où il a étudié au Séminaire Pontifical Français, mais aussi à l’Institut Jean-Paul II, dont il a obtenu une maîtrise en théologie. En 2015, il a été nommé suppléant au Synode le la Famille et plus récemment il a participé à une audience privée avec le Pape, aux côtés de 300 entrepreneurs catholiques français

Ses rendez-vous ecclésiaux l’ont poussé à gérer des situations complexes. Nommé évêque d’Ajaccio en 2012, à un moment de crise ecclésiale interne, il s’est fait les dents comme évêque dans la très animée Ile de Beauté. il a été curé pendant cinq ans – avant d’être nommé vicaire épiscopal chargé d’accompagner la banlieue – et l’Institut catholique de Toulouse, où il a donné des cours de théologie sacramentelle et de la famille

Pour Lyon, Rome a donc choisi un évêque combatif, qui n’a pas peur de parler à contre-courant En effet, Olivier de Germay a clairement et publiquement pris position sur un certain nombre de questions de société à plusieurs reprises, ce qui lui a valu le label de « conservateur »

En 2016, sur l’avortement, il a signé avec six autres évêques une plate-forme pour dénoncer l’absence de débat lors du retrait du délai de réflexion Plus récemment, lors de la révision du projet de loi sur la bioéthique à l’Assemblée nationale – il était membre de le groupe de bioéthique de la Conférence des évêques de France et formé à la théologie morale – invité par France Bleu à s’exprimer, notamment sur l’extension de la procréation assistée aux couples de femmes, il a mis en garde contre le risque de marchandisation du corps humain et de technicisation excessive , expliquant cependant qu’il n’irait pas démontrer – ce qu’il avait fait à l’époque de la loi du mariage pour tous

Il a justifié cette évolution en expliquant que les temps avaient changé et qu’il préférait désormais être dans le champ de la réflexion pour l’ensemble de la société et participer ainsi au débat national souhaité par Emmanuel Macron Rappelons également qu’à la lors des premières manifestations pour tous, il a publiquement protesté contre une tentative de redressement du mouvement fondamentaliste Civitas

De fermeté, il n’a pas non plus failli à condamner le saccage d’une salle de prière musulmane en Corse fin 2015, livrant dans la foulée une réflexion plutôt fine – et courageuse, dans une région au sommet de la le classement des actes anti-musulmans – sur la notion d’identité: «On ne peut revendiquer l’identité chrétienne si on ne cherche pas la paix, la fraternité, l’ouverture aux autres, avait-il déclaré dans les colonnes du quotidien La Croix On ne peut se contenter de préserver les signes extérieurs du christianisme Si nous faisons cela sans nous soucier du cœur de la foi, nous risquons de nous retrouver devant une coquille vide qui s’écroulera un jour Car, à côté de la défense de ces signes extérieurs, la Corse traverse une véritable crise de transmission de la foi « 

J’ai soudain réalisé qu’en menant une vie égocentrique, je m’éloignais de l’essentiel
– Olivier de Germay

Et ramenez le point à la maison: « C’est en effet la foi qui porte les traditions chrétiennes. Si nous nous en tenons à des traditions fixes, ce raidissement peut même être un obstacle à la foi »

Cette approche trouve ses racines dans l’histoire insolite de sa conversion personnelle Issu d’une famille pratiquante, il rencontre Dieu à 30 ans, dans le désert, alors qu’il était en mission armée sous la bannière du premier régiment de parachutistes hussards de Tarbes, comme il le raconte dans un portrait de Corse Matin: «J’ai vécu quelques jours dans le désert j’y ai rencontré des gens qui vivaient avec trois fois rien et qui étaient plus heureux que moi Des gens qui respiraient une paix intérieure, alors que j’étais aux prises avec des sentiments diffus de malaise j’ai soudain réalisé qu’en menant une vie égocentrique je m’éloignais des bases À ce moment-là, je ne pensais pas devenir prêtre, j’avais juste le désir irrépressible de changer de vie « 

Dans la foulée, il décide de faire une retraite entre le silence et les chants grégoriens de l’abbaye de Fontgombault, et c’est là que sa vocation a pris forme

Un autre aspect qui a pu jouer un rôle dans cette nomination est son attention portée au christianisme populaire et à l’annonce du Christ, dans une société qui se méfie des religions et des institutions Le portrait que lui consacre Corse Matin révèle qu’il a demandé à continuer à recevoir le salaire ordinaire d’un prêtre après son ordination épiscopale

Et s’il est souvent décrit comme assez classique sur le plan liturgique, il a su se déverser dans la culture populaire de l’Ile de Beauté, très mariale, riche en processions et bénédictions, sans pour autant laisser le folklore prendre le dessus pas sur l’exigence spirituelle Une dimension qu’il devrait trouver en partie dans la capitale des Gaules, où il devra aussi s’imprégner d’une culture particulière et forte, la fameuse «laïcité lyonnaise»

Un aspect qui a pu jouer un rôle dans cette nomination est son attention au christianisme populaire et à la proclamation du Christ

Concernant son rapport au monde politique, sa gestion de la crise sanitaire est un bon indicateur Si dès le départ, il a exhorté les fidèles à s’intégrer « dans l’effort de solidarité nationale » pour freiner la propagation du virus, il a également pris une position lorsque le plan de déconfinement a été annoncé par le Premier ministre Édouard Philippe Alors que le gouvernement n’avait pas prévu de reprendre les célébrations avant la Pentecôte, malgré un plan présenté par les évêques, Olivier de Germay est revenu au front au moyen d’un les dirigeants « pour ne pas museler l’Église « Et ce, pour lui » de le laisser prendre sa part à l’effort collectif et global nécessaire pour sortir de la crise « , en permettant des arrangements possibles » pour que la liberté de culte soit respectée dès la fin de la détention »

L’un des plus grands défis pour ce nouvel archevêque sera donc de s’adresser à toutes les sensibilités et de former l’unité, au sein du presbyterium et parmi son peuple Mais aussi, pour ceux qui ont choisi «Le Christ a aimé l’Église» comme devise épiscopale, pour restaurer la confiance dans une Église locale défigurée par des scandales en série

Une de ses forces pourrait être son approche énergique et optimiste de l’annonce de Dieu dans le monde contemporain Si l’ancien soldat a un ennemi, c’est le sommeil spirituel Dans le dernier éditorial de la revue diocésaine, il cite Thérèse d´Ávila : « Le monde est en feu » et Saint Paul: « La charité nous presse » Tout un programme

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SOURCE: https://www.w24news.com/news/world-news-fr-olivier-de-germay-nouvel-archevque-de-lyon-les-raisons-du-choix/?remotepost=450648

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